Pola Carmen : Perspectives et résolutions 2022

TRAITS, TRACES et SUITE…

« … Bien que nous vivions dans le même monde, chacun de nous sait quelque chose que l’autre ne sait pas, et sa vision du monde est unique, absolument personnelle. En ce sens, chacun de nous est un univers singulier. La peinture est le moyen de dire aux autres ce qu’on ne sait pas dire autrement, et comme la musique, elle ne s’exprime pas par des mots. Cela peut-être des traits, des images, une écriture imaginaire utilisée de façon répétitive… » nous résume Pola Carmen. 

L’artiste contribue au travers de deux toiles extraites de sa série « Pas possible » à la collection ARTIST printemps-été 2022 « ENTRE LES LIGNES », lors de la session présentée depuis le 14 et jusqu’au            23 janvier 2022.

Revenons sur votre travail, donnez-nous les codes pour lire « entre vos lignes »

« … Notre œil, pour voir vraiment, notre corps pour éprouver réellement, ont besoin d’imprégnation.

C’est ce que nous rappelle la peinture qui est une forme à vivre, une forme devant laquelle, c’est le fait des vrais tableaux, on peut se tenir chaque jour et la nuit aussi et n’en avoir jamais fini avec le voir, n’en avoir jamais épuisé la sensation… »

Alors, ces traits qui sont le vocabulaire de l’artiste, qu’en voyons-nous ?

« … Qu’ils ne sont pas vraiment droits, ni tout à fait horizontaux, ni tout à fait verticaux, pas même continus, parfois longs, parfois plus courts, parfois rapprochés, parfois disjoints… »

Ça semblait être une grille, quelque chose de géométrique de prime abord, mais on pense plutôt à une sorte de trame désormais. Trame parce que… Quelque chose de textile est présent là ! C’est ça le pouvoir de la peinture, si on lui accorde du temps, si on met non seulement son regard et son corps dans un état de disponibilité, le tableau réveille en nous la mémoire de sensations qui vont bientôt faire venir des mots comme autant de souvenirs et une autre manière de voir. Trame et textile, la toile pourrait elle-même être une surface tissée… Comme si le tableau mettait au jour une structure cachée à la façon d’un dévoilement… Cette façon irrégulière d’entre croiser les traits de pastel.

Les traits eux-mêmes, du fait de leur épaisseur, du fait de leur tremblé qui trahit la main de l’artiste, du fait de leur disposition, semblent vibrer et s’animer sous nos yeux. Et puis cette trame, comme un fantôme de tissu, à la limite de la déchirure sur son bord inférieur, ou en son centre, ou à droite encore où quelque chose s’ouvre et s’effiloche.

En ce début d’année 2022, quels sont vos projets ?

« Mes tableaux sont des phrases inachevées, des débuts d’histoires dont il faut écrire la suite… Mon travail évoluera plus en couleur sans doute, mais restera toujours singulier j’imagine, et toujours dans l’abstraction. »

« Plusieurs commandes sont programmées en 2022, une nouvelle série sur papier dérivée des « Possibles » se profile déjà. »

« Dans ma liste des envies, j’aimerais beaucoup faire une résidence. »

« Je réfléchis à partir ailleurs… Pour respirer même si dans ma campagne actuelle, je respire à pleins poumons, mais pour changer d’air. Je crois que tout le monde en a envie et besoin en ce moment. »

Un dernier vœu ?

« Oui, je rêverais d’installer mon travail dans une chapelle à la campagne. L’environnement, la simplicité des murs, l’austérité, la lumière, les coins d’ombre, le froid des pierres, le silence lourd…

Qu’un jour, on me propose de faire les vitraux d’une chapelle, j’ai une idée… ! »

 

Pola Carmen, née en 1953, vit et travaille à Rémalard-en-Perche, dans la campagne du parc naturel régional, en basse Normandie dans le département de l’orne (61).

Elle étudie la peinture à l'École de Beaux-Arts de Tours, puis la céramique à l'ENSAAMA. Pola Carmen a fréquenté aussi l'atelier de sculpture Pascal de Vautibault à Paris.

www.polacarmen.net